Il était en retard et il détestait ça. C'était quelque chose qui avait le don de le rendre extrêmement nerveux. Trois jours plus tôt, l'assassin avait entendu des rumeurs selon lesquels le médaillon de Zerganis avait disparu et il avait tout de suite contacté son dernier propriétaire en lice : Parsifon, un herboriste d'Illyria très reconnu dans sa profession. Seulement il avait été appelé ailleurs pour une transaction urgente et à présent il n'était pas sûr d'arriver à temps pour son dernier rendez-vous avec le marchand. Cette entrevue devait mettre un point final aux négociations : Necros avait eu beaucoup de mal à gagner la confiance du vieil homme et encore plus à lui imposer son prix pour ce travail. S'il n'arrivait pas à temps, tous les efforts qu'il avait fourni seraient réduits à néant.
Necros jura et accéléra le pas en remontant la rue qui menait à la boutique de Parsifon. Enfin il aperçut l'enseigne devant laquelle se tenait le marchand en présence d'un autre homme. L'assassin fronça les sourcils, qui était cette personne ? Sans doute un concurrent qui espérait lui voler son affaire. Quoi qu'il en soit, Necros devait immédiatement se reprendre car son embarras pouvait très vite devenir une arme pour son opposant. Il s'appliqua donc à prendre un air impassible avant d'atteindre les deux hommes. D'un signe de tête respectueux, il salua Parsifon puis il se tourna vers la personne qui l'accompagnait. C'était un jeune homme qui devait avoir entre 20 et 25 ans. Necros le dépassait d'une dizaine de centimètres, le garçon avait le corps mince et leste du parfait acrobate.
Parsifon pris la parole alors qu'il se livrait à cet examen discret. « Bien, maintenant que tout le monde est arrivé... commença t-il en laissant un regard appuyé à Necros, Nous allons commencer, entrez s'il vous plaît. » Il ouvrit la porte de l'enseigne et s'effaça pour laisser passer ses interlocuteurs à la suite desquels il pénétra dans la boutique. Le marchand passa derrière le comptoir pour faire face aux deux hommes. « Santô, Kallef, je vous ai tous les deux fait venir ici car j'ai un travail à vous confier. Ça, vous le saviez déjà, en revanche j'ai l'honneur de vous apprendre que vous devrez coopérer dans cette affaire. dit-il en dévisageant ses interlocuteurs par dessus ses lunettes en demi-lune, Je veux absolument récupérer ce médaillon, et pour cela j'aurais besoin des compétences que vous deux possédez. Aussi vous serez forcé de faire équipe, en revanche c'est la seule contrainte que je vous imposerais. Je ne veux pas savoir quels méthodes vous utiliserez pour me ramener mon bien, aussi à partir de maintenant je vous donne carte blanche. »
Aucun des deux hommes n'avait interrompu le marchand durant sa tirade, et à présent ils se dévisageaient avec méfiance. Les prunelles d'acier de Necros plantés dans les orbes grises de Santô. L'assassin ne savait rien de son compagnon forcé, mais il avait déjà un avantage sur lui. Il avait donné un faux nom à Parsifon dés leur première rencontre, afin de rester inconnu même si le marchand décidait de vanter trop haut les talents de celui qui lui avait rapporté son bien volé. Ainsi Necros en savait d'avantage sur son comparse que ce dernier ne pouvait en deviner sur lui même. « Allez, ouste ! Faites ce pourquoi je vous paye, au lieu de vous regarder en chiens de faïence. » Fit Parsifon d'un air exaspéré alors que le silence s'était installé depuis quelques minutes dans la petite échoppe. Necros jeta un coup d'œil à Santô et fit un signe de tête en direction de la sortie.
Une fois dehors, Necros se tourna vers son nouveau compagnon et pris un air engageant pour s'adresser à lui. « J'ai l'habitude de travailler seul, mais apparemment nous n'avons pas tellement le choix. L'important est de mener cette mission à bien, mais pour l'heure je te propose plutôt de chercher une auberge. La nuit ne va pas tarder à tomber et nous serions au chaud pour réfléchir à ce que nous ferons demain. » Une taverne très fréquenté des hauts quartiers serait parfaite. Leur conversation aurait peu de chances d'être surprise au milieu du brouhaha et ils auraient peut être une chance d'entendre une ou deux rumeurs sur le sujet qui les intéressait.

Ce garçon était décidément très surprenant. Pour commencer, il entrainait Necros dans une des meilleurs auberges de la ville et se présentait comme un habitué des lieux. Il payait la chambre en bon or, sans que Necros ait le temps d'y apporter sa contribution et lui sacrifiait finalement la seule couchette de la pièce. En voilà un qui devait bien gagner sa vie, à moins que le jeune homme ne soit issu d'un milieu aisé... Necros écarta vite cette dernière éventualité ; le garçon n'avait rien des jeunes nobles en manque d'aventure qui proliféraient par les rues de la capitale. Calme et posé, Santô parlait peu - de ce qu'avait pût en voir l'assassin. Par ailleurs, il était vêtu très modestement et la toile fine de sa chemise laissait deviner une musculature sèche supposant une expérience du combat rapproché. Si son caractère restait tel que Necros l'avait observé jusque là, ils auraient peut être une chance de s'entendre.
L'assassin détourna les yeux de son compagnon avant que celui ci ne remarque qu'il était observé. Son regard dériva sur la pièce qu'ils occupaient. Plus grand qu'une chambre d'auberge classique, le dortoir était décoré avec goût. Des tentures aux couleurs à peine fanées ornaient les murs de pierre et une statue du même matériaux trônait dans une niche en fasse de la porte d'entrée. Un épais tapis moelleux couvrait presque toute la surface du planché. Le mobilier était réduit au stricte minimum : un lit étroit, une petite commode et un bac d'eau pour les ablutions. Comme si le propriétaire avait dépensé tout son or en ornements et s'était trouvé avec une somme trop réduite pour meubler la pièce plus largement.
Tout en se livrant à l'examen de la pièce, Necros retira sa cape et ses bottes afin de se mettre à l'aise. Il portait une armure légère d'un cuir foncé et une épée courte pendait à sa hanche. Ce n'était pas la seule arme qu'il portait, bien que ce soit la seule qui fusse visible de primes abords. En l'observant plus attentivement, on pouvait remarquer un petit nombre de fourreaux sur les flancs de son armure et de la même couleur qu'elle ce qui les rendait difficilement décelables. Necros commença à détacher ses jambières en prévision de la nuit à venir, puis son regard tomba sur le bac d'eau dans un coin de la pièce et il décida qu'il n'avait pas fait de toilette à l'eau clair depuis trop longtemps pour laisser passer cette occasion. Il retira donc armure et chemise. « Ça ne te dérange pas si je passe en premier aux ablutions ? » demanda t-il avec un sourire à Santô. Il s'approcha du bac et commença à passer de l'eau sur son torse et ses bras (Nda : Hum, sexy boy ~) pour les nettoyer de la poussière et de la sueur qui s'y étaient collés.
« Dis moi, je n'arrive pas à déterminer la discipline que tu exerces... » dit-il tout en se lavant pour rompre le silence qui s'était installé entre lui et Santô. « Tu ne portes pas d'arme mais ta musculature montre que tu as d'avantage été entraîné au combat qu'à manier la brouette, je me trompe ? » fit-il avec un sourire engageant. Il n'était pas encore sûr de savoir si le jeune homme était son ami ou son ennemi mais il savait important de bien connaître les deux. Et en tout les cas, c'était le genre d'information à avoir sur son équipier. Necros se demanda vaguement combien de temps allait devoir durer leur collaboration forcée et s'il arriverait facilement à s'en accommoder. C'est qu'il avait pratiquement toujours œuvré seul, d'ailleurs il n'était pas de nature à rechercher la compagnie. Necros réprima un sourire, se rendant compte de l'euphémisme que formait sa pensée. Il reporta son attention sur Santô tendis que celui ci répondait à sa question.

Alors que Necros se tournait vers Santô pour saisir la serviette qu'il lui tendait, il surpris l'expression troublée du jeune homme. Étonné, il suivi son regard et un éclair de compression le traversa lorsqu'il décela l'objet de son attention. Un sourire mi-figue, mi-raisin étira alors le coin de ses lèvres. Filles ou garçons, Necros avait toujours eu des rapports assez libérés. Il s'accordait assez régulièrement ce genre de plaisir, c'était d'ailleurs les seules moments de détente dont il jouissait, laissant de côté méfiance et prudence pendant un court lapes de temps. Cependant jamais il ne s'était autorisé à prendre le risque que cela interfère avec son travail. Il se mordit la lèvre en dévisageant le jeune homme vis à vis de lui. Avec son rouge au joues, et son expression de désir contenue il était vraiment très... attirant.
Le regard de Necros dériva plus bas, vers le torse finement musclé du jeune homme. Les muscles pectoraux et des avants bras saillants d'un moine puis un ventre plat, sans oublier une peau d'ivoire. Plus bas des hanches fines, presque féminines. Une vue plus qu'alléchante, s'il en est, à un point que Necros senti sa détermination fléchir. Après tout, quel mal y avait t-il à s'accorder un peu de plaisir avant de se mettre réellement au travail ? La réponse paraissait plus qu'évidente aux yeux du jeune assassin, aussi décida t-il que, pour une fois, il pourrait bien se l'accorder.
Necros se rendit compte qu'il était resté plusieurs secondes sans bouger, sa main en suspend au dessus de la serviette que lui tendait le moine, le souffle court. Il reprit instantanément contenance et un sourire malin vin jouer sur ses lèvres ; il allait s'amuser un peu, voir jusqu'où les nerfs de Santô pourraient tenir. En prenant la serviette, il effleura sciemment le poignet du jeune garçon, faisant naître la chère de poule sur la peau délicate. Et c'est avec une intonation de voie basse et toute particulière qu'il lui répondit « Bien sûr. ». Il regardait le jeune garçon dans les yeux, les lèvres légèrement entrouvertes dans une expression de lascivité affichée. Puis il commença à se sécher lentement, se délectant de l'effet que son jeu semblait produire sur le jeune homme qui restait planté devant lui alors même qu'il n'avait plus rien à lui dire.
« Tu aimes ça ? » demanda t-il à Santô, donnant consciencieusement un double sens à la question. Necros laissa sa remarque en suspend quelques instants, jouissant de son effet sur le jeune garçon, avant de la compléter « Courir Altaran en tant qu'homme libre, proposant tes services pour gagner ton pain... ? ». En disant cela il s'était tourné face à Santô, si proche de lui qui lui suffirait de lever la main pour le toucher. Cependant il n'en faisait rien, prenant plaisir à lire la frustration dans les yeux du jeune homme. Ne se départissent plus de son sourire amusé, il attendit de voir la réaction du jeune moine. Cette collaboration s'annonçait finalement très intéressante.

Fou, ce que cette expression mêlant désir, hésitation et douleur pouvait être enivrante. La réponse précipitée du jeune garçon arracha un sourire mi-amusé, mi-triomphant au jeune assassin. Necros s'amusait vraiment, comme ça ne lui était pas arrivé depuis bien longtemps. La petite torture qu'il faisait subir à Santô avait le don de l'exciter au moins autant que sa victime, s'il en jugeait par la légère bosse qui s'était formée au niveau de l'entre-jambe de cette dernière. Necros fit la moue, se rapprochant du jeune moine d'une démarche féline. Il jeta négligemment sa serviette à terre et se pencha vers Santô pour lui murmurer à l'oreille un "bonne nuit" aux accents sensuels. Puis il se détourna du garçon et alla s'adosser au mur du fond de la chambre, accroissant volontairement la frustration du jeune homme. Il ne se départissait plus de son air vaguement moqueur.
Le jeune moine était passé d'une teinte légèrement rosée au rouge pivoine à une vitesse hallucinante. Il semblait qu'il n'ait pas beaucoup d'expérience - voir pas du tout - dans ce domaine, sans quoi il n'aurait pas été si intimidé. Et il lui aurait déjà sauté dessus, songea Necros. Qu'à cela ne tienne, l'assassin pouvait se révéler être un excellent professeur. D'ailleurs il avait déjà dispensé son enseignement à plusieurs reprises, et toujours avec succès. Mais il n'était pas encore temps pour cela. Necros voulait d'abord amener son compagnon à une résignation totale, qu'il se jète à ses pieds en le suppliant de le délivrer et alors seulement l'assassin ferait preuve de magnanimité et le libérerait de ses souffrances. C'est pourquoi il jouait avec les nerfs de Santô, s'amusant de sa frustration, se réjouissant de son air totalement décontenancé.
Necros avait vaguement conscience qu'une petite part de lui même lui criait que s'était pure folie d'agir ainsi, ici et maintenant. Il était en présence d'un quasi-parfait inconnu, qui plus est dans un endroit qui lui était tout aussi étranger. Ce n'était sans doute pas le meilleur moment pour se laisser aller à la lubricité. Certainement... D'un revers de la main, Necros balaya ces inquiétudes. Ce qu'il voyait en fasse de lui : cette ingénuité, ce désir contenu modulé de légères traces d'angoisse... tout cela ne pouvait être feint. Même lui n'aurait pas été capable d'obtenir un tel résultat, malgré qu'il soit depuis longtemps passé maître dans l'art de la manipulation. Aussi fit-il taire sa conscience afin de mieux profiter de la suite des évènements...

Pas si timide que ça finalement, le garçon. Necros fût même assez surpris - mais pas mécontent - de ce brusque revirement dans le comportement du jeune moine. L'assassin était un dominateur par nature mais il appréciait également que ses partenaires se montrent entreprenants, voir qu'ils lui résistent un peu. En réalité, rien ne l'excitait plus que de sentir son jules essayer de se soustraire à son étreinte dominatrice.
Mais il n'y avait pas de ça dans le comportement du jeune Santô ; son approche était certes légèrement agressive mais non dépourvue tendresse. Ne pouvant se contenter de ce baiser trop chaste à son goût, Necros inclina la tête et fit passer une langue mutine entre les lèvres entrouvertes du moine. D'une légère pression de ses mains sur les hanches du jeune garçon, il rapprocha un peu plus leurs deux corps, ne pouvant résister à la tentation de la chair douce et translucide qui s'offrait à lui. Il se mordit la lèvre inférieur pour étouffer un gémissement lorsqu'il senti une main audacieuse descendre lentement le long de son torse, toujours plus bas, se dirigeant avec assurance vers la partie la plus intime de son anatomie. Fou, l'effet que l'attitude soudain lascive du jeune garçon pouvait avoir sur lui.
N'y tenant plus, Necros saisi prestement les poignets du moine et le plaqua sans douceur contre le mur, inversant ainsi leur position. « En réalité j'avais autre chose en tête... » dit-il en réponse à la question de Santô. Un sourire carnassier, presque inquiétant, s'étira sur les lèvres de l'assassin alors qu'il maintenait toujours le jeune homme prisonnier de sa poigne, et c'est avec une lenteur calculée qu'il effleura des lèvres la peau fine et pâle de son coup. Necros s'amusait à torturer son partenaire, reprenant ainsi le même jeu qu'il avait dût interrompre quelques instants plus tôt à cause de l'accès de fougue dont avait fait preuve ce dernier. « Tu en veux plus ? » fit-il dans un souffle, son visage à quelques millimètres de celui de Santô. Ses yeux brillaient d'un éclat de pure luxure alors qu'il se rapprochait à nouveau du corps brûlant du jeune garçon, leurs deux torses se caressants avec une langueur presque douloureuse.
Son propre manège commençait à être intolérable pour Necros qui devait faire un effort considérable pour s'empêcher de retourner le jeune moine et de pilonner son corps gracile sans autre forme de procès. Il prit sur lui pour lancer une nouvelle provocation à l'autre homme « Dis le ou tu n'obtiendra rien de moi. », lui chuchota t-il à l'oreille avant de lui en lécher le lobe dans un mouvement sensuel. Il ne savait pas s'il réussirait encore longtemps à résister aux décharges électriques que sa proximité avec le jeune homme faisait courir dans tout son corps.

Le jeune moine avait t-il seulement conscience d'à quel point il le chauffait ? Necros abandonna toute idée de torture à l'instant où il senti les ongles de Santô s'enfoncer dans le bas de son dos. Il émit alors un étrange son de gorge, mélange de grognement de douleur et je gémissement de jouissance - il avait toujours eût un petit côté masochiste. La violence lui était extrêmement jouissive lors de ses ébats, et prenait souvent le pas sur la tendresse. D'ailleurs Necros n'avait jamais éprouvé de sentiments assez poussés à l'égard de quelqu'un pour avoir envie de se montrer doux avec cette personne. Mais l'assassin se détourna de ces pensés pour reporter toute son attention sur ce qu'il faisait à l'instant présent.
Les poignets du jeune homme lui avaient échappés dans la bataille, tout comme la serviette qui avait disparu quelque part depuis un moment sans que Necros ne s'en soucia le moins du monde. En revanche, que son partenaire tente de l'amener sur la couchette étroite ne lui plaisait guère ; il voulait être libre de ses mouvements pour la suite des évènements. Aussi plaqua t-il à nouveau Santô contre le mur de pierre, avec la même délicatesse qu'il avait utilisé quelques instants plus tôt. Puis il planta sauvagement ses dents dans l'épaule laiteuse du jeune garçon, pour se venger des griffures qu'il lui avait infligés, et aussi parce qu'il ne pouvait plus contenir son excitation croissante. Santô émis un gémissement qui failli faire perdre la tête au jeune assassin. Il profita que le moine ouvrait la bouche pour y engouffrir sa langue, et ils échangèrent un baiser furieux où se mêlaient passion et violence.
L'assassin passa ses deux mains, doigts écartés, dans la chevelure soyeuse du jeune moine qui frémit sous la caresse. Puis il descendit le long du dos cambré, redessinant les courbes de ce corps magnifique et faisant naître la chaire de poule sur la peau satinée. Necros souri contre la bouche du jeune moine ; il était si sensible ! Sa caresse dériva sur les fesses fermes de Santô et l'assassin profita du contacte pour coller leurs deux bassin. Il commença à onduler les hanches et ne reteint plus ses gémissements lorsque leurs érections entrèrent en frottement. N'en pouvant plus, il attrapa le moine sous les cuisses et le souleva pour l'allonger sur le tapi moelleux, après quoi il s'assit à califourchon sur lui, le bloquant au sol. Necros, tout en continuant d'effectuer un mouvement de balancement avec ses hanches, commença à défaire lentement la boucle de sa ceinture. Un sourire satisfait étira ses lèvres lorsqu'il vit frustration et excitation se bousculer dans les yeux de Santô, et c'est avec la même langueur qu'il détacha les agrafes de son pantalon, exposant enfin sa verge érigée à la vue de son partenaire.
Un éclat de rire bref et sonore échappa à Necros lorsque le jeune moine détourna les yeux de sa virilité d'un air gêné. Alors que c'était lui qui avait entrepris les préliminaires, il affectait maintenant le même comportement qu'une vierge effarouchée ? L'assassin se pencha sur Santô, les mains courant le long de ses flancs, et fit remonter sa langue sur toute la longueur du coup gracieux de son partenaire avant de se pencher à son oreille. « Et toi, tu n'en a pas envie ? » dit-il d'un air moqueur avant de faire descendre sa main le long du corps du garçon afin de vérifier à quel point il le désirait. Ce que Necros trouva était plus que satisfaisant et il émit un petit rire de gorge dans le cou de Santô. Il se redressa légèrement et courba le dos pour venir titiller du bout de la langue les tétons durcis du moine, tout en continuant ses caresses fébriles sur son entre jambe. Son souffle commençait à devenir cour et saccadé alors qu'il mordillait les petites billes de chair rose, son agressivité naturelle reprenant le dessus.

Un sourire amusé étira les lèvres de Necros à l'entente de ce que son partenaire croyait être son nom. Un instant, il trouva presque cruel de prendre l'innocence du garçon sans même lui dire la vérité sur lui même. Puis cette idée lui parue ridicule ; depuis quand se souciait-il de ce genre de choses ? L'assassin avait toujours agit pour lui même, faisant passer ses besoins avant de ceux des autres. Pour sa défense, il fallait dire qu'il avait appris la vie à la dure et que ce fonctionnement avait longtemps été nécessaire à sa survie. Il fût même un temps où il n'avait pas eût le luxe de pouvoir faire ce genre de choix. Manger ou être mangé, voilà un adage auquel il s'était confronté pendant une longue partie de son existence.
L'orgasme aussi prompte qu'inattendu de l'homme sous lui ramena durement Necros à la réalité. Le moine ne pouvait en être qu'à sa première expérience pour que le simple contacte d'une main sur son sexe l'ait amené à jouir. Mais l'assassin n'eût pas le temps d'y réfléchir d'avantage que Santô s'emparait de lui pour l'entrainer dans un baiser fougueux. Quand le jeune homme le relâcha, il enfoui une nouvelle fois son visage dans son cou dont il commença à suçoter et à mordiller la peau tendre. « Tu n'as pas tenu très longtemps. » souffla t-il, légèrement moquer. Necros ne remarqua nullement le trouble de celui qui allait être son amant. La peau de son dos le brûlait, et Dieu que c'était bon ce mélange de fébrilité, de douleur et d'euphorie qu'avaient fait naître en lui les ongles de Santô en raclant son épiderme meurtri. Necros exhala un gémissement de bien-être ; il n'y avait que dans ces moments là, dans le renoncement de son habituelle prudence au profit du plaisir, qu'il se sentait vraiment en ordre avec lui même.
Le jeune assassin se redressa sur ses genoux et sorti un main suintante de semence du pantalon du moine dans lequel elle s'était prestement glissé. Le sourire gouailleur et vaguement aguicheur qui commençait à lui être familier vint se poser sur ses lèvres alors qu'il entreprenait de retirer à Santô son vêtement. Ses mains, rendues tremblantes par l'excitation, se débattaient avec l'agrafe du pantalon de toile et il vit un mélange d'impatience et d'appréhension se peindre sur le visage de son partenaire. Après quelques minutes de vains efforts, Necros fini par se résoudre à user de ses dents pour arracher les derniers pans de tissus qui l'empêchaient d'accéder à l'objet de ses désirs. C'est alors qu'il se retrouva nez à nez avec une verge à moitié dressée. « Tu récupères vite. », commenta t-il dans un murmure.
Fasciné, il s'approcha lentement de cet objet de convoitise et retraça de sa langue les bourses du jeune homme dont la virilité fini de se tendre. Un long soupir échappa au jeune moine lorsque Necros le pris entièrement en bouche, et ses gémissements ne firent que croitre alors que l'assassin entamait un large mouvement de vas et viens sur son sexe. La langue expérimentée courait sur toute la longueur du phallus tendis que les mains de Necros rampèrent sur le ventre plat et le torse pâle pour finir leur course de part et d'autre du coup élancé. L'assassin prenait littéralement son pied en observant le visage de Santô, crispé par le plaisir et couvert de sueur, il serait nerveusement le tapis entre ses mains et les plaintes à moitié étouffés qui résonnaient dans la pièces faisaient grandir douloureusement sa propre érection.
Il porta deux de ses doigts à la bouche du moine sans interrompre sa fellation. Le jeune homme les goba de bonne grasse et commença à les lécher avec entrain. Une fois que Necros les jugea décemment lubrifiés, il les ramena à lui et en introduit un dans l'antre chaude de Santô qui poussa un petit cri de surprise. L'assassin, tout en continuant son travail sur la verge de son amant, entrepris de détendre les muscles de son intimité. Très vite, un deuxième doigt vint rejoindre le premier et cette fois le moine se raidit à peine sous l'intrusion. Necros mis d'avantage d'ardeur à sucer tandis qu'il préparait Santô, afin de détourner son attention de cette sensation désagréable. Il sût que le jeune homme était prêt lorsqu'il commença à onduler des hanches.
Cessant toute activité, l'assassin se redressa à nouveau sur les genoux, provoquant un grognement frustré de la part de son partenaire. Les jambes de Santô trouvèrent aisément leur place sur les épaules de Necros qui se pencha sur son amant et l'embrassa doucement tandis qu'il le pénétrait de toute sa longueur. Le jeune assassin interrompit tout mouvement pour laisser à Santô le temps de s'habituer à sa présence, lui chuchotant à l'oreille quelques paroles de réconfort dans le but d'atténuer la douleur que cette première intrusion devait susciter chez son partenaire. Sa tâche n'était pas facilitée par les sensations enivrantes que lui procuraient l'intimité resserrée du jeune moine autour de sa verge. Necros devait faire un effort considérable pour s'empêcher de s'emparer brutalement de l'autre homme, et des halètements effrénés lui échappaient en un flot continu.
Enfin, le doux balancement de bassin de Santô vint le délivrer de sa douloureuse attente. L'assassin comprit le message et il entama de lents vas et viens qui les firent gémir à l'unisson. La cadence s'accéléra sensiblement alors que Santô lacérait de ses ongles la moindre parcelle de peau qui se trouvait à sa portée, se débattant sous les vagues de plaisir qui le submergeaient. Necros émit un râle presque animal et mordit sauvagement l'homme sous lui, celui ci poussa un cris suraigu. Un flot de propos inintelligibles collaient des lèvres de Santô qui se cambrait sous les assauts répétés du jeune assassin. Leurs corps se mouvaient, allant l'un contre l'autre avec une totale incoordination en une étreinte violente et effrénée. Aucun des deux amants ne semblait capable de calmer en tant soit peu ses ardeurs pour chercher un meilleur rythme et la pièce fût bientôt remplie de gémissements et de cris réprimés.
Sentant le moment de délivrance approcher, Necros attrapa furieusement la verge du moine et lui appliqua le même mouvement qu'il effectuait avec son bassin. Mais à peine avait il effectué un ou deux allez retours que Santô vint dans un cris rauque qu'il tenta d'étouffer dans le cou de l'assassin, répandant sa semence sur le ventre musclé de son amant. Sentant le fourreau de chair se contracter autour de son sexe, Necros joui à la suite du moine et s'écroula sur lui, haletant. Il prit quelques instants pour récupérer ses esprits puis il se retira du jeune homme et se releva lentement. Une nouvelle toilette allait être nécessaire avant qu'il ne puisse se coucher. Necros secoua la tête alors qu'une grande fatigue s'emparait brusquement de lui, il pria pour que l'aube du lendemain n'arrive jamais et qu'il puisse s'abandonner dans un sommeil éternel et exempt de tous remords par rapport à ce qui venait de se produire.

Le jour était levé depuis un moment déjà lorsque Necros émergea doucement du sommeil. Il cligna plusieurs fois des paupières pour tenter de s'habituer à la lumière du soleil - sans grand succès - puis il roula sur le côté et sorti précautionneusement de son lit. Un mal de tête lancinent s'éveilla dans son crâne et le jeune assassin porta les mains à ses tempes ; il avait l'impression d'avoir la gueule de bois. Pourtant, sauter comme un lapin le putain de gosse qu'il allait avoir dans les jambes toute la prochaine semaine n'avait jamais produit ce genre de symptôme. Necros se maudit intérieurement pour son impulsivité ; il était décidément irrécupérable. Le problème n'était pas qu'il ait couché avec un inconnu, c'était qu'il allait devoir continuer à le fréquenter. Supporter le regard de Santô pendant toute la durée de leur collaboration n'allait certainement pas être une partie de plaisir.
L'assassin se dirigea d'un pas chancelant vers le grand bac dans le coin de la pièce et poussa un grognement lorsqu'il constata que le liquide qu'il contenait n'était plus aussi clair que la veille. Nécessité oblige, il se passa tout de même de l'eau sur le visage afin de finir de se réveiller. Le liquide frais lui fit un bien fou, et la brume qui s'était formée dans son esprit se dissipa lentement. C'est alors que Necros pris conscience de sa nudité et du regard que le jeune moine avait posé sur lui. « Bonjour. » fit il d'une voie encore légèrement enrouée avant d'ajouter « Belle journée. », dans une vaine tentative pour se redonner un peu de contenance. Après avoir récupéré et enfilé ses habits qui trainaient un peu partout dans la pièce, Necros se tourna à nouveau vers son compagnon qui n'avais pas cessé de le fixer.
Faisant abstraction d'un sentiment mêlant remords et tentation, le jeune assassin gratta sa barbe naissante d'un geste distrait tout en réfléchissant à la mission qui lui avait été confiée la veille. Necros avait bien quelques informateurs au sein de la citée mais il se doutait que, même si l'un d'entre eux savait quelque chose au sujet du pendentif volé, il garderait jalousement cette information pour lui même. Un objet d'une telle valeur attirait trop la convoitise pour que l'assassin puisse se fier à qui que ce soit dans cette affaire. « Par rapport à ce collier... commença Necros d'un air songeur. On devrait peut être commencer par faire un petit tour du marché, juste histoire de saisir l'atmosphère générale, puis descendre vers une ou deux tanières de renards dont j'ai la connaissance. » Il n'était pas sûr qu'amener le gamin, avec sa tête d'ange, dans un repère de malfrat soit une idée très judicieuse, mais il n'avait pas vraiment le choix.
Sans un mot, Necros se dirigea vers la sacoche qui contenait ses affaires personnels et en extirpa un bonnet informe, compagnon de ses hivers depuis plusieurs années. « Met ça, avant. » dit-il au jeune moine avant de lui enfoncer le couvre chef jusqu'aux oreilles, le décoiffant légèrement au passage. L'assassin se recula d'un pas pour admirer son œuvre « Hum... Tu ressembles déjà un peu moins à une fillette, comme ça. », commenta t-il sur le ton de la plaisanterie, espérant détendre un peu l'atmosphère. Necros ramassa ses dernières affaires et lança son sac à Santô, puis il saisi le jeune garçon par le poignet et l'entraîna à grand pas dans la chaleur du soleil matinale.

La lumière du soleil ébloui Necros lorsqu'il sorti dans la ruelle. C'était une journée magnifique ; les rayons de soleil réchauffaient doucement l'atmosphère et un brouhaha entrainant s'élevait des étalages multicolores du marché d'Illyria. Cependant, l'assassin n'y prêtait nulle attention ; le regard alerte, il cherchait sa cible parmi la foule dense. En réalité, il ne guettait personne en particulier : il recherchait un certain type de marchand, assez cossu pour être qualifié de respectable mais point trop afin qu'il ne soit pas éloigné de la vie du peuple. Le genre à colporter les rumeurs, mais seulement si elles étaient un tant soit peu tangibles. Necros n'espérait pas trouver quelque chose de concret, mais juste prendre la température en ce qui concernait cette affaire.
Il trouva ce qu'il cherchait en la personne d'un homme grisonnant qui réprimandait son aide d'une voix tonitruante derrière son étal de graines et d'épices. Necros jeta un coup d'œil par dessus son épaule pour vérifier que Santô le suivait toujours puis s'avança vers l'éventaire, feignant de s'intéresser à la marchandise. Le marchand, grand et bedonnant, l'accueilli chaleureusement à grand renfort d'exclamations et d'éclats de rires. Tout en discutant et en marchandant, l'assassin amena sans en avoir l'air l'homme à parler du pendentif volé. « Ah ça ! On peut dire que ça a fait du raffut, s'exclama le commerçant. Parsifon était en émois, à c'qu'on raconte. », dit il avec un petit rire qui montrait bien l'estime qu'il portait à son concurrent. « Et personne ne sait rien du voleur ? » questionna Necros avec l'air avide d'une commère, tout en augmentant son offre sur le blés qui était déjà à un prix exorbitant. Le marchand se pencha vers lui avec des air de conspirateur : « On parle de plusieurs hommes, vêtues de noir et portant des couteaux en argent massif ! », lui confia t-il avec un air éloquent.
Le jeune assassin cacha son trouble derrière un masque de curiosité fébrile. Le noir et l'argent étaient les emblèmes d'un petit groupe de voleurs dont les apparitions étaient rares mais toujours retentissantes ; ils s'attaquaient essentiellement à des objets d'un grande valeur. Les localiser n'allait pas être aisé, mais pas non plus impossible. Encore fallait il que l'information soit exacte. Necros paya ce qu'il devait au marchand et entraîna Santô à l'écart pour lui faire part de ses déductions. À cette occasion, il remarqua que le jeune moine évitait soigneusement son regard. Il reteint un soupir, c'était un problème qu'il devrait régler plus tard. « On ne peut pas être sûre que l'histoire n'ait pas tout simplement été enjolivée mais c'est tout de même un piste à suivre. », déclara t-il tout en lorgnant un stand où une femme bien portante faisait cuir des saucisses dégoulinantes de graisse sur une grille en fer forgé. « Je connais un endroit où on pourrait se renseigner mais pour l'heure je te propose de te remplir estomac. »
Tirant une nouvelle fois le jeune garçon par le bras, Necros l'entraina parmi la foule jusqu'à l'étalage de viande. « T'as payé la chambre, je paye la bouffe. », dit il tout en souriant à la vendeuse. Il commençait à désespérer d'entendre à nouveau la voix de Santô. Certes, il n'était lui même pas très à son aise par rapport aux évènements de la veille mais il était persuadé que la tension se serait vite effacée si seulement le moine acceptait d'ouvrir la bouche. Se retirant légèrement à l'écart de la cohue, Necros fixa son compagnon en lui tendant sa part du repas ; il était bien décidé à lui arracher ne serait-ce qu'un mot ou deux : « Alors... Qu'est ce que tu penses de tout ça ? », le questionna t-il tout en mordant dans la chair chaude et graisseuse.

Comment devait-il prendre cela ? Est ce que le gamin sous entendait que Necros était un malfrat, à peine supérieur aux rebuts de la société que grouillaient dans les caniveaux ? Si c'était le cas, il n'avait sans doute pas totalement tord. Mais Necros faisait correctement son travail, il s'était imposé des règles qu'il respectait à la lettre à ce sujet, et il n'avait rien à voir avec ce genre de criminels. Bien sûr, il tuait des gens, et pour de l'argent qui plus est, mais il le faisait bien. Jamais ses victimes ne souffraient inutilement, la plus part mourraient même avant d'avoir pût comprendre ce qui leur arrivait. L'assassin senti une rage familière monter en lui à l'idée que le moine puisse le considérer comme un simple criminel. Cette colère sourde, il la connaissait bien : elle brulait en lui depuis maintenant onze ans.
C'était à cause de ça qu'il continuait à tuer, à se droguer et à baiser avec des inconnus : parce qu'il n'y avait qu'en imposant à son corps ces extrêmes qu'il arrivait à se détourner de sa haine. Elle pouvait naitre en lui à n'importe quel instant, souvent de façon injustifiée, bien qu'il y avait surement une raison plus ancienne et beaucoup plus profonde à ce qu'il la ressente. Mais Necros n'avait jamais vraiment réfléchi à cela ; elle était pour lui comme une vielle compagne dont la présence était presque rassurante. Aussi lorsqu'il la sentait enfler en lui et qu'il n'avait d'autre exutoire, l'assassin rajoutait simplement quelques herbes bien choisis au tabac de sa pipe. Comme il était en train de le faire à ce moment même. Necros regarda tour à tour la pipe en bois qu'il tenait dans une main et le petit sachet d'herbes qu'il tenait dans l'autre, presque surpris. Le geste était devenu un automatisme.
La foule autour d'eux s'était dispersée et les passants se faisaient de plus en plus rares. L'atmosphère aussi avait changé : elle n'était plus ni joyeuse, ni chaleureuse et des relents amères de méfiance et d'hostilité contenue empoisonnaient l'air vif de la matinée. Les pas du jeune assassin les avaient menés vers l'un des quartiers malfamés d'Illyria. Les allées étaient plus étroites et les bâtiments plus haut, ce qui plongeait la rue dans une semi-obscurité presque inquiétante. Les murs gris et la chaussée souillée ajoutaient à l'air décrépi des lieux. Necros avait la désagréable impression d'être épié, aussi rabattit-il sa capuche sur ses oreilles d'elfe. La bâtisse qu'il cherchait se trouvait juste au bout de la rue : c'était une petite taverne à la façade noircie par la crasse. L'assassin poussa prudemment la porte de bois sombre et pénétra dans l'établissement. La salle commune, seulement éclairée par des lampes à huiles posés sur les tables graisseuses, était plongée dans une légère pénombre. Les rares clients étaient pour la plupart rassemblés autour de la petite cheminée dans laquelle brulait une joyeuse flambée.
Necros fit un petit signe de tête à Santô et se dirigea vers une table à laquelle un homme était assis, les épaules voutés et le regard plongé dans la choppe qui était posée devant lui. « Aggar. » dit-il en guise de salut en s'assaillant en fasse du viel homme. Le dénommé Aggar lui jeta un rapide coup d'œil avant de se réabsorber dans sa contemplation. L'assassin compris le message et appela le tavernier pour lui commander une nouvelle chope de bière pour l'autre homme. Le vieillard but une longue gorgée du liquide épais avant de lever à nouveau les yeux vers lui. « Qu'est ce que tu cherches ? », l'interrogea t-il d'une voix caverneuse. Ne se faisant pas prier, Necros entra directement dans le vif du sujet : « Il parait que ça remue du côté des noirs et argents...
- Oui, moi aussi j'ai entendu ça. », l'homme hocha la tête en signe de dénégation. « Ce ne sont que des rumeurs. J'ai vu le couteau et ça... non, c'était pas de l'argent massif, ça. »
- Tu as eu la dague entre les mains ? Aggar, est ce que tu sais qui est en possession de cet objet, actuellement ? », le questionna Necros qui avait grand peine à dissimuler sa stupeur.
« Alice. C'est Alice qui me l'a montré et elle doit encore l'avoir avec elle, répondit le vieil homme d'une voix lente.
- Et... tu aurais une idée de la où je peux la trouver ? » Pour toute réponse, l'homme lui lança un regard éloquent et Necros marmonna un « Oui, bien sûr. » contrit.
L'assassin ne retint pas un soupir en sortant de l'établissement. Il connaissait cette Alice de longue date, cependant il y avait eu quelques malentendus entre eux et leurs rapports restaient tendus aujourd'hui encore. Il se tourna vers Santô : « Bien. Il est tout bonnement impossible de trouver cette femme dans Illyria cependant je crois savoir où nous aurions une chance de la croiser si nous l'attendons suffisamment longtemps. » Il fit une pause pour rallumer sa pipe qui s'était éteinte. « Tu supportes bien l'altitude ? », demanda t-il à au jeune moine avec un sourire énigmatique.

L'expression du jeune moine était passé de rêveuse à outrée en une fraction de seconde lorsque Necros l'avait taquiné. Le garçon à la tête dans les étoiles s'était subitement changé en jeune homme animé d'une farouche vigueur, sa dignité et sa morgue lui procurant une étrange beauté dont il n'avait nullement conscience. L'assassin regarda Santô d'un œil neuf, surpris par cette fascinante apparition. Bien malgré lui, il senti son estime pour le moine croitre de injustifiée. Il tira une longue bouffée de sa pipe afin de dissiper le trouble qui s'était formé en lui.
Le trajet jusqu'à Hyrule s'effectua en silence. Necros n'était pas certain d'y trouver la personne qu'ils recherchaient mais c'était le seul endroit où il pensait avoir une chance de rencontrer Alice. La jeune femme était trop indépendante, et elle connaissait Illyria mieux que personne, c'est pourquoi l'assassin savait n'avoir aucune chance de mettre la main sur elle lorsqu'elle rôdait dans la citée. Seulement Necros était au courant d'une autre chose : Alice était profondément attachée à l'église d'Hyrule. Nombre de personnes qui lui avaient été proches étaient entrés et sortis de sa vie sur le parvis de la petite bâtisse, et l'assassin se doutait que ses souvenirs l'y ramèneraient. Du moins l'espérait t-il.
L'air bien plus confiant qu'il ne l'était vraiment, Necros entraina son compagnon à l'intérieur du bâtiment en ruine. Il remarqua directement le petit bouquet de jacinthes qui trônait sur l'autel délabré : ainsi ne s'était t-il pas trompé. Une petite porte vermoulu dans l'avant-nef menait à l'intérieur du clocher dans lequel il précéda Santô. Là, une échelle de bois solide et parfaitement entretenue - autre témoins d'une présence régulière - s'enfonçait dans les hauteurs de la tour. « Après toi. », dit t-il en s'effaçant pour laisser passer le moine. Ils débutèrent alors une longue ascension avant d'arriver à un premier palier duquel partait une autre échelle. C'est en arrivant au troisième palier que Necros se dit qu'il avait sous-estimé la hauteur de l'édifice. Lorsqu'ils parvinrent enfin au sommet du clocher, l'assassin et son compagnon étaient tous les deux essoufflés.
Necros s'approcha des abats-sons afin d'inspirer un peu du vent chaud qui filtrait à l'intérieur de la chambre des cloches, mais il eut le souffle coupé par la splendeur du paysage qui s'étendait devant lui. Bouche bée, il contempla Illyria qui s'offrait à sa vue dans toute son intégralité. De là ou il était, il pouvait distinguer les artères principales de la ville qui grouillaient d'agitation et les toits bariolés éclaboussés de soleil. Plus à l'ouest, s'étendait le Lac d'Illyria dont la surface de saphir chatoyait sous l'action conjuguée des rayons ardents et de la houle des vagues. Le tout formait un tableau magique sous le regard ébloui de l'assassin. « Un endroit idéal pour tenir une planque... », murmura t-il en se retournant vers Santô qui semblait tout aussi subjugué par le spectacle. Il restèrent quelques minutes à contempler le paysage entre les lamelles de bois, puis Necros se détourna et s'assit en tailleurs, le dos appuyé au mur de pierre. Son regard se posa à nouveau sur le moine « Tu fumes avec moi ? », lui proposa t-il, un sourire charmeur sur les lèvres. « On va peut être devoir attendre un petit moment, alors autant s'occuper. », reprit t-il sur le ton de la plaisanterie.

La réponse la plus sincère à la question de Santô aurait été : « Bien d'avantage depuis que je te connais. », seulement l'assassin ne la formula pas. Il n'avait rencontré le jeune homme que la veille au soir mais il avait l'impression que cela faisait des jours, tant sa maîtrise de lui même avait été mise à l'épreuve depuis ce moment. Il y avait quelque chose dans les manières à la fois innocente et aguicheuse du moine qui avait le don de le rendre fou. Comme maintenant, alors qu'il s'asseyait tout naturellement à ses côtés et que sa cuisse se frottait contre la sienne en une caresse aérienne, au rythme de sa respiration. Necros se demanda un instant si le jeune moine avait conscience d'à quel point il l'allumait. Par d'autre moment, Santô semblait lui en vouloir pour une raison qui lui échappait totalement. Est ce qu'il nourrissait un quelconque ressentiment contre lui par rapport aux évènements de la nuit passé ? L'assassin avait pourtant en mémoire qu'il était très consentant, pour ne pas dire enthousiaste. Necros haussa les épaules ; il n'était en rien responsable de l'attitude lunatique du jeune homme.
Sortant de son mutisme, il répondis au moine d'une voix douce : « Assez régulièrement... ». Plutôt vague, comme réponse, mais il n'allait tout de même pas lui révéler le fond de sa pensée. Il ne faudrait pas que le gamin s'imagine qu'il éprouvât un quelconque sentiment - autre que le respect ou le désir - à son égard. Necros tira une nouvelle bouffée de sa longue pipe et commença à se détendre ostensiblement, sentant une agréable chaleur se répandre dans ses veines. « Parlons un peu de toi, Santô. Tu es trop droit, trop sain... tu dois cacher un vice bien pire que tous ceux que je n'ai jamais expérimentés pour compenser tout cela. » dit-il, l'air songeur. L'assassin émis un petit rire, fière de sa tirade. Il ne cherchait pas particulièrement à être grossier, le jeune homme au teint pâle l'intriguait sincèrement. Comment pouvait-il supporter la pression d'une existence aussi morale sans jamais s'adonner au péché ? Mystère, mystère... Necros sourit à nouveau ; cette pensée l'amusait beaucoup.
L'objectif premier de cette escapade revint soudain à la surface de son esprit : Alice. Combien de temps avant d'assister à une des visites régulières que l'état des lieux laissait supposer qu'elle effectuait ? Sans doute passerait-elle dans la soirée, une fois son labeur de la journée terminé. Peut être même viendrait-elle dans la perspective de passer la nuit à l'abri qu'offrait l'édifice délabré. Le soleil était encore haut dans le ciel, il allait falloir être patient.
Comment allaient-ils s'occuper pendant tout ce temps si Santô ne fumait pas avec lui ? Necros secoua la tête en détachant un des poignards accrochés à ses flancs et commença à gratter le sol avec sa pointe, incrustant dans le plancher de bois des motifs aux arabesques compliqués d'un air distrait. D'ordinaire, lorsqu'il avait à attendre pendant une durée indéfinie, il en profitait pour remettre à neuf son équipement : nettoyant et rapiéçant jusqu'à se que tout soit impeccable. Seulement, il entretenait avec son matériel une certaine... intimité qu'il n'avait pas envie de partager avec le jeune moine. Ces poignards, ces cuirs et ces plantes lui étaient chères, car sans eux il ne pourrait effectuer le travail qu'il savait faire le mieux et qu'il affectionnait le plus au monde. C'était ce qu'il avait de plus précieux. C'était sa seule foie, celle qui le maintenait en vie. Rien n'avait d'avantage d'importance. (Nda : À peine mélo dramatique...)